Aujourd’hui, tout le monde croit pouvoir faire du design graphique. Les ordinateurs sont entrés dans les maisons, les logiciels de créations circulent couramment, mais surtout, Internet fournit, notamment grâce aux banques d’images, un nombre incroyable de ressources graphiques prêtes à l’emploi, qui permettent de créer des visuels sans avoir besoin de savoir dessiner ou prendre une photo. Il existe des ressources pour à peu près tout. Ne vous y trompez pas, pour l’amateur, tout ceci entretient une belle illusion. L’illusion que le design est à la portée de tous, l’illusion que le design n’a pas la valeur qu’il prétend avoir et finalement l’illusion que tout le monde peut être designer.
La conception n’est pas la réalisation
Lorsque que l’ont conçoit un design, on ne réalise pas forcément tous les éléments qui le constituent. Dans tout projet, nous devons réfléchir à comment agencer des éléments graphiques sur les pages : les caractères typographiques, les illustrations, les photos, etc. Bien évidemment, ces éléments ne sont pas tous créés par le designer, et pour cause : un designer n’est pas photographe, ni typographe, ni même illustrateur (bien que beaucoup de designers cumulent plusieurs compétences, moi-même, je suis également illustrateur). De la même manière qu’un metteur en scène de film n’est pas cameraman ou ingénieur du son. Comme un cinéaste, le designer assemble les pièces d’un puzzle qu’il aura la responsabilité de choisir avec soin. Ainsi, nous sommes donc souvent amenés à nous associer à des spécialistes dans divers domaines pour élaborer certains éléments dont nous avons besoin pour réaliser nos projets. Mais si le budget ne permet pas de payer un prestataire extérieur, nous allons rechercher ce dont nous avons besoin dans des livres ou des banques de ressources graphiques. C’est là qu’intervient le travail de sélection.
Choisir requiert de l’expérience
Il existe plusieurs dizaines de banques d’images sur Internet, payantes ou gratuites, et de qualités très diverses. Ce qui fait des millions de photos, illustrations ou polices typographiques dans lesquelles puiser. Avec ce grand nombre de ressources disponibles, la base de données à analyser est énorme. C’est un travail qui requiert de l’expérience sans quoi on peut vite se sentir perdu. Il faut arriver à rapidement décoder les signes et les références qui sont contenus dans un élément graphique. La typo fait-elle référence à une époque particulière ? Cette photo a-t-elle une atmosphère assez positive ? l’icône a-t-elle un style qui s’intègre avec le design du site ? Une bonne sélection est essentielle pour préserver la cohérence globale d’un projet.
Choisissez la bonne image à la place de vos clients
L’accès aux banques d’image se démocratisant chez le grand public, il arrive souvent que mes clients souhaitent spontanément acheter des photos qui proviennent de ces services pour illustrer les supports de communication que vous êtes en train de leur concevoir. Lorsque ça arrive, je les invite toujours à me laisser choisir pour eux les bonnes photos pour leurs designs. La recherche d’image prend du temps et peut s’avérer fastidieuse, mais elle fait partie du métier. Car chaque élément est porteur d’un sens qui peut échapper à des non-professionnelles, et nos critères de choix s’élaborent à partir d’une réflexion que nous avons menée en amont du projet. Nous sommes donc plus a même de juger de la pertinence d’une ressource visuelle.
Les ressources graphiques se modifient
De plus, il est à noter qu’en tant que designers, nous sommes amenés, presque systématiquement, à modifier les éléments de sources externes pour atteindre le résultat voulu. Il m’arrive régulièrement de retoucher des photos ou de redessiner des pictogrammes. Il est plus difficile pour le client d’arriver à se projeter sur les modifications envisageables sur une ressource graphique.
Le risque du mauvais choix
Comme je l’ai dit plus haut, une image est porteuse de sens. Un visuel mal choisi peut transformer, voire contredire, le message que l’on souhaite faire passer, le résultat peut être catastrophique pour l’entreprise. Prenez ces photos types de banques d’image, avec ces businessmen aux dents trop blanches pour être honnêtes, elles renvoient une image bas de gamme et crée le doute. Aucune entreprise ne veut donner cette impression. Pourtant, il y a encore des sites qui n’ont pas compris la portée des images qu’ils utilisent.
Choisir c’est conseiller
Ne laissez pas un client choisir des ressources graphiques à votre place, ça ne serait pas correct, il vous paye pour le conseiller. Votre boulot c’est de lui proposer un choix en fonction de ses besoins. Et de lui expliquer pourquoi l’image lui est adaptée. Après, bien sûr, ça sera toujours à lui de trancher, mais il apprécierait votre investissement surtout si ce n’était pas prévu dans le devis de base.
Conclusion
Le design est fait de choix esthétiques de sources diverses qui s’imbriquent pour former un tout cohérent. De ce fait, les ressources graphiques d’un projet faisant partie intégrante de ce processus, doivent être sélectionnées par le designer. Ne laissez donc pas vos clients se perdre dans les méandres des banques d’image pour au final le voir saccager son projet, et votre travail, même si pour cela vous devez faire quelques heures supplémentaires. Car au final vous serez tous les deux satisfaits du résultat.
Salut JP,
Je tenais à rebondir sur un point de cet intéressant article : conseiller le client sur le choix des photos.
Récemment, j’ai laissé à mon client le soin de faire une sélection de photos pour les bandeaux des différentes thématiques de son site. Suite à quoi, je lui ai dit quelles photos étaient d’une part exploitables par rapport au format d’utilisation final, et adaptées en terme de sens et d’esthétique.
Pourquoi j’ai fait ça ? d’abord par manque de temps ^^ mais surtout car je n’était pas très à l’aise avec ses thèmes (illustrer le web analytics par ex…) et car cela permettait d’impliquer le client dans son site.
Résultat : il a choisi des photos pertinentes, d’autres non, mais il était content d’avoir participé à la personnalisation de son site.
Voilà, après je dis pas qu’il ne faut pas conseiller le client sur le choix des photos, mais ça peut aussi être bien de lui laisser cette marge de manœuvre, même si au final le designer doit toujours donner son avis sur les choix effectués.
Je suis tout à fait d’accord avec toi David, sur le fait d’impliquer le client dans la recherche de photos, outre le fait de nous faire gagner du temps, il aura toujours une longueur d’avance sur nous quant à la compréhension de son sujet, alors autant en profiter (à mon avis).
J’ai eu le cas récemment. Une deadline difficile à tenir, du retard dans l’inté, et SURTOUT du contenu en allemand (beurk) je l’ai donc d’abord laissé sélectionner quelques photos qui illustreraient ses textes, j’en ai sélectionné quelques unes de mon côté et on a mis ça en commun par la suite.
Bon article, cependant je n’aime vraiment pas la première phrase : “Aujourd’hui, tout le monde peut faire du design graphique.” même si je vois bien qu’on pense la même chose car quelques lignes plus loin tu dis que ce n’est qu’un illusion rien que pour un effet sur le lecteur tu devrais commencer par “L’illusion que le design est à la portée de tous, l’illusion que le design n’a pas la valeur qu’il prétend avoir et finalement l’illusion que tout le monde peut être designer.”. J’ai failli quitter la page en lisant ces premières lignes, mais en t’écoutant sur TWW et en lisant ton blog je sais à peu près que tu ne penses pas ça donc j’ai continué.
Il y a un point où je ne suis pas d’accord avec toi c’est sur le principe de l’expérience. Bien sur l’expérience aide, l’experience apporte un plus car on se sera surement déjà trompé, seulement il y a beaucoup d’autre facteur qui rentre en compte : l’inspiration, la créativité, l’intuition aussi. Ce sont des notions pas très rigoureuse on peut cultiver sont inspiration, mais la créativité ou l’intuition c’est un peu on l’a ou pas. La veille est pour moi très importante, une veille intelligente bien sure. Arpenter internet et décrypter les “codes” les bonnes pratiques, ce qui marche et ce qui ne marche pas. Et je sais que même moi du haut de mes 20 ans ma veille est bien meilleure que celle des webdesigner que je connais qui ont 10 ans de plus que moi (pas tous hein !)
Enfin je pense que choisir des ressources ou non, les modifier ou non est un choix propre à chacun. Par exemple moi je me force à prendre le moins de ressources possible, tout ce qui touche à l’UI je le fais moi même ce que je prend sur internet ce sont des illustration ou quoi. Je connais un webdesigner qui bosse pour son agence qui ne fait qu’empiler des ressources pompé sur le web. Je n’aime pas cette pratique mais en soit on peut le considérer comme webdesigner car il connait les code et les utilise.
L’inspiration, la créativité, l’intuition, ça se cultive. Avec de l’apprentissage et de la pratique, donc du temps. Aujourd’hui tu as 20 ans mais tu verras que dans 10 ans tu auras énormément affiné ton regard sur ton travail.
J’avais écrit un article là dessus qui peut être te donnera plus de détails sur ma pensée : http://wdfriday.com/blog/2013/02/design-et-creativite-apprendre-a-avoir-des-idees/
Concernant ma phrase d’intro, tu as raison elle emmène dans une mauvaise direction.
+1 pour alexandre, il l’a dit, donc c’est vrai