Depuis la nuit des temps sur les blogs, les designers se confrontent aux intégrateurs dans des débats sans fin sur qui détient la vérité sur ce que doit être le web. Dernier affrontement en date par articles interposés, Julien Dubedout (Marie///Julien) vs Rémi Parmentier (Hteumeuleu). Voici résumés grossièrement les clichés que l’on retrouve souvent entre les professions : le designer se prend pour un artiste qui prend l’écran pour une toile, il veut faire des sites jolis avant tout, au mépris des contraintes techniques propres au web ; l’intégrateur quant à lui est un paresseux qui préfère penser que le design est de la déco gratuite, pour éviter d’avoir a répondre aux besoins de l’utilisateur, dont il se fout royalement.
Tous ces débats m’épuisent, car ils brassent beaucoup d’émotion sans que personne ne cherche vraiment à comprendre le métier de l’autre. On cherche juste à contredire son adversaire en argumentant sur le fait qu’il est complètement ignorant. Ça ne sert à rien, si ce n’est à opposer des communautés de professionnelles déjà convaincues. On voit beaucoup d’agressivité dans les commentaires et des gens qui se lâchent pour compenser leurs petites frustrations au boulot. Mais vous savez quoi, les designers auront toujours besoins d’intégrateurs et vice versa. On n’a pas le choix c’est comme ça. Un site web c’est l’association de plusieurs compétences. Il n’appartient pas à l’intégrateur sous prétexte que le web ce n’est du code ni au designer parce qu’il conçoit sa forme. Ce qui compte au final ce n’est pas de savoir si le web devrait est honnête au malhonnête. Si le code respecte à la ligne près tous les standards ou si les éléments graphiques sont pixel perfect, ce qui compte c’est l’utilisateur. Frank X. Shaw, directeur de la communication de Microsoft nous dit que «Les gens sont plus importants que les apps», c’est bien plus que ça, les gens sont plus importantes qu’Internet. Le web n’est rien sans des gens derrière leur écran qui viennent chercher quelque chose : de l’information, de l’émotion, du contact, de l’amour. Un site pourra être le plus fonctionnel, le plus ergonomique, le plus accessible du monde, sans internautes il n’aurait aucun sens. Le web n’est pas une fin en soi, c’est un outil, un moyen, un intermédiaire. Ne lui donnons pas plus d’importance qu’il mérite. Ce qu’on devrait se demander c’est : est-ce que notre conception du web aide à rendre le monde plus compréhensible, plus lisible ? Web honnête ou malhonnête, mais WTF ?! L’utilisateur n’en a que faire de ces débats. Il veut juste trouver ce qu’il cherche et savoir si un site peut lui rendre la vie meilleure. Si ce n’est pas le cas, les visions idéalistes des professionnelles du web n’ont pas d’importance. Le monde parfait n’existe pas, le web ne sera jamais tel que vous le souhaitez. Parce qu’il ne vous appartient pas. Il appartient à tout le monde.
Je sais bien que les petites guéguerres entre professions du web ne sont pas près de s’arrêter, mais arrêtons de les alimenter en étant systématiquement dans la contradiction. Cherchons un peu plus à nous comprendre. En ce qui me concerne, je travaille avec des intégrateurs avec qui je peux discuter. Ils ne considèrent pas le design comme futile, je ne considère pas l’intégration comme de la simple exécution. On essaye ensemble de trouver les meilleurs compromis pour atteindre les objectifs qu’on s’est fixés. Ne pas être trop sûr de soi et travailler en respectant le travail de l’autre, c’est ça le web honnête. J’aime à croire que la plupart des associations designers-intégrateurs se passent sans mépris. Même si certains débats entre blogueurs laissent penser le contraire.
Merci Jean-Philippe,
Je ne peux que être d’accord avec ce billet. Bien sur que l’on ne se comprend pas toujours, bien sur que les contraintes ne sont pas explicables facilement. Mais il est indispensable d’apprendre à travailler ensemble. Une maquette ne se lâche pas dans le vide pour intégration, une intégration doit prendre en compte et respecter sa maquette mais pour que tout se beau monde travaille ensemble, il n’y a pas d’autre choix que de se parler, que se documenter et que d’apprendre, ne serait-ce que des bribes, comment travaille l’autre.
Il faut cesser cette guère et apprendre à travailler ensemble. D’autant plus que d’un projet à l’autre, ce ne seront pas les mêmes éléments qui seront à mettre en valeur : tout dépend de la cible, tout dépend des usages. N’oublions pas que les bonnes pratiques ne sont pas applicables partout.
Le secret d’un site réussi c’est l’entente et les compromis de ces 2 métiers. Intégrateurs et graphistes, apprenez à être conciliants.
« Le web n’est rien sans des gens derrière leur écran qui viennent chercher quelque chose : de l’information, de l’émotion, du contact, de l’amour. (…) Le web n’est pas une fin en soi, c’est un outil, un moyen, un intermédiaire. » Bien dit ! 🙂
Je pense que les débats sont bons, et les affrontements entre Rémi et Julien font en quelque sorte partie du folklore de notre univers professionnel. Ils ont tous les deux de fortes personnalités, avec un goût particulier pour la provocation et la mise en scène, c’est normal qu’ils s’attirent et se repoussent comme des aimants 🙂
En outre, ils sont tous les deux relativement connus dans le milieu, aussi ça donne beaucoup de visibilité à leur « affrontement ». Cependant, on aurait tort de penser que cette problématique qui nourrit leur relation et qu’ils donnent à voir concerne effectivement tout le monde. Le web n’avancerait pas aussi vite si les artisans qui le construisent se tiraient continuellement dans les pattes.
Ne pas confondre une pseudo opposition de fond, et une simple querelle de personnes… On ne peut pas s’entendre avec tout le monde, même avec la meilleure volonté du monde ! ^.^
Cela étant dit, oui il y a des intégrateurs qui pensent que les designers ne sont là que pour « passer une couche de peinture », et oui il y a des designers qui pensent que les intégrateurs sont des troglodytes fainéants dénués de toute culture graphique. Le web n’échappe pas à ces stéréotypes, c’est agaçant mais il ne faut pas trop se focaliser dessus.
Cela serait peut-être plus productif de mettre en lumière des collaborations design/inté réussies, écrit à quatre mains ! 🙂
Pardon mais pour une fois je ne suis pas d’accord avec l’auteur : Mon billet n’était pas du tout sur ce sujet, et de plus n’avait aucun rapport avec Hteumeuleu (avec lequel je ne suis pas d’accord sur d’autres points par ailleurs). Je comprends la tentation de créer un affrontement pour faire un peu mousser l’histoire, mais c’est un peu malhonnête (huhu)
Mon billet n’a rien a voir avec le rapport entre designer et intégrateur, il parle de l’idiotie de transposer un courant architectural au web sans prendre de recul. C’est un billet design, et pas un billet de guéguerre inté/design, je trouve ton analyse hyper réductrice (j’irai jusqu’à dire “un peu putassière pour profiter de l’appel d’air”, mais c’est le jeu).
Pour la suite du billet, c’est assez creux, les designers et intés doivent travailler main dans la main pour l’utilisateur, wow, scoop, ok. We are the world et tout ça.
Personne ne niera ça, je travaille tous les jours avec des intés intelligents qui savent bosser, et ça n’était pas du tout l’objet de mon billet.
La guerre c’est pas bien, et la famine dans le monde c’est mal.
De plus, tu as moins 8 points pour ton intro de type “de tout temps les hommes”
Peut mieux faire.
Ton article et celui de A list Apart list n’est qu’une goutte d’eau dans la mer. Et tu ne me diras pas que ça crée des clivages designers contre inté. Le problème n’est pas tant les sujets qui ne sont pas dépourvus d’idées intéressantes, mais les réactions via commentaires ou via billets qui sont direct dans le démontage des idées de l’autre. Je ne peux pas croire que les intégrateurs qui valident les textes de Hteumeuleu ou celui de A list apart considèrent le design comme une couche de peinture. Du coup au lieu de tout de suite hausser le ton on peu juste essayer d’avoir une discussion c’est bien pour ça qu’on t’invite au prochain Walking Web (Et hop, une opportunité putassière).
Après peut être que les exemples pourraient être plus pertinents je l’admets,, mais ça ne change pas le fond du problème je pense.
Enfin, je ne pense pas que ce ne sont des platitudes de dire qu’il faut essayer de travailler ensemble plutôt que de se tirer dans les pattes. Si c’était si évident pour tout le monde, on arrêterait de se hurler dessus tout le temps, comme ça
C’est bien gentil, tout ça, mais n’oublions pas que se “foutre sur la gueule” fait partie des petits plaisirs de la vie, sans lesquels les réseaux sociaux seraient bien ennuyeux 😀
C’est sûr. Tant que ça reste dans le monde virtuel…
Les guéguerres entre designers et intégrateurs n’existent que sur les blogs et fils twitter de quelques personnes en vue dans nos professions. On n’est même pas au niveau de la micro tempête dans un verre d’eau. Entre ça et les articles sur le “Flat Design”, on n’est pas gâté en ce moment …
+1 c’est aussi mon ressenti
Mmh, il y a méprise je crois, le billet originel d’ALA dont il est question ici parlait de “web design honnête”, ce qui (pour le coup) n’a strictement rien à voir avec l’intégration, au contraire c’est un pur débat philosophique entre designers…
Pour le reste comme je disais sur Twitter : en tant qu’intégrateur, il est excessivement rare que je me frite avec les graphistes sur un projet (ça a dû arriver 2 ou 3 fois en 10 ans de web). Par contre, je me prends quotidiennement la gueule avec d’autres intégrateurs sur des chipotages névrotiques de sémantique et autres détails insignifiants…
Peace !
Si on pouvait utiliser toute cette énergie gaspillée sur le web à parler de choses futiles mais ayant toujours pour origine des histoires de “moi je”, on n’aurait plus besoin de centrales nucléaires 😀
Bonjour.
Ça date un peu mais la question se posait déjà il y a 4 ans. “…et si graphistes et intégrateurs travaillaient enfin ensembles?” (article sur mon blog ici : http://demontiers.com/2010/04/et-si-graphistes-et-integrateurs-travaillaient-enfin-ensembles/
Salut Jean-Philippe 🙂
C’est un peu dur, mais après la lecture de ton article, j’ai surtout pensé “ouais, et le feu ça brûle, et l’eau ça mouille”.
Je pense qu’on ne parle pas assez de toutes les fois où ça se passe *bien*. C’est le cas dans tous les métiers, dès que tu bosses en équipe dans des compétences différences mais complémentaires, y’a forcément des moments où ça coince. L’article de Julien (et par extension celui de ALA) n’était pas tellement critique envers les intégrateurs mais contre le bullshit autour du web honnête.
D’ailleurs, je pense qu’au contraire, Julien adore les intégrateurs, comme tout webdesigner et qu’au final, on a le même but : rendre un projet de qualité, chacun avec ses contraintes. Seuls les gens butés ne comprennent pas l’intérêt de bosser ensemble.
Bref, j’ai l’impression de moi-même encore enfoncer des portes ouvertes dans mon commentaire, et je rejoins le commentaire de Philippe.
Pour résumer, la seule façon d’être efficace (et c’est valable pour tous les domaines) :
1. être pro
2. être à l’écoute des problématiques de chacun
3. repeat
Moi je dirais tout simplement que si tout le monde avait le même avis on avancerait pas !
C’est petite guéguerre sont dispensables mais on le mérite d’exister.
Ces petites guéguerres*
😀
Ayant donné des deux côtés depuis mes études (BTS Info puis école d’Arts) j’ai constamment travaillé face à ce genre de clivages, qui néanmoins n’ont pas des allures de guerre nucléaire. La première chose qu’il faut bien comprendre, c’est que dans la plupart des cas, les intégrateurs (développeurs pour la plupart) n’ont jamais aiguisé leur sensibilité à l’art, n’en comprennent pas les concepts et parfois même sont incapable d’imaginer qu’il existe un tel univers. La seconde, c’est que les designers (graphistes pour la plupart) n’ont jamais étudier l’informatique, appris de langage de programmation ni fait face à des contraintes techniques liées au code.
Des gens intelligents arrivent à travailler ensemble car ils savent tout simplement expliquer à l’autre “pourquoi” ceci ou cela est important (car effectivement, les gens peu intelligents vont juste dire “ouais”, “nan”, “si faut faire ça” mais sans réussir à expliquer pourquoi). C’est en effet tout simple.
Enfin, et ceci est un avis très personnel, si vous êtes webdesigner mais que vous ne savez pas vous-même intégrer un site web et que vous ne comprenez pas comment les contraintes techniques influencent les tendances du webdesign, ou dans le cas inverse, si vous être intégrateur mais que vous n’avez aucune notion de design, d’ergonomie ou d’art en général, vous êtes comme un automobiliste sans permis : vous semblez savoir conduire mais vous êtes voués à vous planter.
Le web est un support de communication, et comme tout support de communication (les professionnels de la comm vous le diront) la forme et le fond sont aussi importants l’un que l’autre.
L’article de A List Apart pointé du doigt par Julien utilise effectivement un ton sectaire, mais comme la plupart des articles américains (étant donné qu’il est culturel chez eux de dire comment faire les choses, sans nuance). Tous les articles de A List Apart ont ce ton, mais ne nous choquent que lorsqu’on est en désaccord avec le propos.
Au final le “débat” reste nourrit par les différentes expériences de chacun, puisqu’il faut être honnête, les bons webdesigners, les bons intégrateurs, (et c’est le cas dans tous les métiers du monde) sont une rareté. Il faut donc souvent faire avec de mauvais webdesigners qui poseront problème aux intégrateurs, et avec de mauvais intégrateurs qui poseront problème aux webdesigners.
“Enfin, et ceci est un avis très personnel, si vous êtes webdesigner mais que vous ne savez pas vous-même intégrer un site web et que vous ne comprenez pas comment les contraintes techniques influencent les tendances du webdesign, ou dans le cas inverse, si vous être intégrateur mais que vous n’avez aucune notion de design, d’ergonomie ou d’art en général, vous êtes comme un automobiliste sans permis : vous semblez savoir conduire mais vous êtes voués à vous planter.”
Oui mais non, pas que… C’est en effet un avis très personnel et pas tout à fait vrai, et assez réducteur. Ca aussi on l’entend tout le temps, t’es webdesigner et tu sais pas intégrer, tu seras forcément mauvais. T’es intégrateur et tu connais fais pas de webdesign, tu feras de la daube.
Dans ta logique, si tu sais intégrer, pourquoi tu ferais appel à un inté ? Et si tu sais faire du webdesign, pourquoi tu ferais appel à un webdesigner ?
Je travaille avec certains webdesigners qui ne savent pas intégrer, du tout, rien… Et ça n’empêche pas que tous les projets faits avec eux se sont TOUS bien déroulés, sans exception. Car il y a une chose très simple quand on bosse en équipe, entre personnes professionnelles et consciencieuses, on communique et on échange. Et dans les deux sens. Et tout se passe bien, vraiment.
Oui c’est effectivement un avis personnel. J’apporterai une nuance à ta réponse :
“Dans ta logique, si tu sais intégrer, pourquoi tu ferais appel à un inté ? Et si tu sais faire du webdesign, pourquoi tu ferais appel à un webdesigner ?”
Pour moi, on peut savoir intégrer sans pour autant être assez bon pour le faire “à plein temps”. Et inversement. Il y a un monde entre connaître et maîtriser.
Mais dans l’ensemble je suis d’accord avec toi, car effectivement tu précises : “Car il y a une chose très simple quand on bosse en équipe, entre personnes professionnelles et consciencieuses, on communique et on échange. Et dans les deux sens. Et tout se passe bien, vraiment.”
Or, c’est pas toujours le cas. Et je trouve que c’est toujours bien de connaître les tenants et aboutissants de son propre métier.
Ton article bien qu’agréable à lire ne sert pas à grand chose et ne mets finalement en avant qu’une seule chose, le fait de vouloir te positionner en bisounours du web avec une idée utopiste qui est “arrêtons de nous dénigrer et travaillons main dans la main”. Néanmoins ce ne sont pas les jobs en eux même que tu vises mais les gens.
Vouloir se placer en tant que “gourou utopiste du web fr” est louable mais, ce n’est pas avec un article manquant quand même gentiment de creux que celà va vraiment apporter quelque chose.
Ca sonne peut être un peu méchant dit comme ça mais ce n’est pas toi que je critique, c’est vraiment l’article et son rôle sous-jacent.
Mouais, à mon avis la théorie du Bisounours est trop souvent ressassée pour balayer un discours d’un revers de main sans avoir à se positionner. Alors qu’on peut aussi s’en servir pour rebondir dessus et apporter du contenu. C’est ce que certains font dans les commentaires, ce qui prouve que ce n’est pas inutile non plus 😉
Je n’ai pas dit inutile, je dis juste que c’est exposer un fait facile qui a été ressassé et qui ne porte pas sur le métier mais sur les gens. L’article apporte juste ta réaction positive sur ce genre de relation en disant qu’il faut prôner le travail “main dans la main” ce, sur quoi je suis parfaitement d’accord. D’ailleurs je suis assez d’accord dans le fond avec le fait qu’on perd peut être trop de temps à chercher qui à raison de qui à tord.
Mais un article comme celui ne fait qu’une tentative d’intellectualisation d’un truc finalement futile et assez loin de la réalité du métier. Voyons ! Les designers intégrent eux même 🙂
D’accord avec ton article, seulement, je ne pense pas qu’il faille éradiquer totalement cette “gueguerre” il faut que la rivalité soit saine. Je suis encore étudiants et je peux te dire que même à ce stade les intégrateur et les designer se font la guerre. “Qui à la meilleure majeure ?” etc… Mais moi j’ai plus de potes intégrateur que designer je suis le premier à les troller et ils font de même en retour. C’est un jeu entre nous, ça nous pousse même à repousser nos limites dernière exemple en date : je trolle un amis en lui disant que ce que je design va trop vite pour son maigre niveau (c’est de l’humour hein) résultat il a passé deux jours a taffer et a appris ce qui lui manquait comme technique !
Quoi penser du webdesigner à qui souvent, dans les missions, il est demandé de coder et de faire l’intégration de son design? C’est le début de la schizophrénie, je crois 🙂
Je découvre ce site avec plaisir.
@+
BabZero
Comme il existera toujours des grapheurs et intégraphistes, nous n’aurons jamais le monopole du plurimédia.